Au sein de la FGTE, on ne compte pas les métiers qui ont pleinement contribué, souvent en complémentarité, à la continuité de ces services essentiels :
- Routières et routiers du transport de marchandises qui ont pleinement continué leur travail, au début sans équipement de protection, pour qui notre union fédérale route a dû se battre pour exiger des points de restauration et d’hygiène sanitaire, un minimum de conditions de travail dignes !
- Salarié-e-s du maritime embarqué-e-s pendant parfois plus de deux mois, sans relève, pour assurer les approvisionnements du pays (la mer c’est 90% du fret mondial) et qui n’ont même pas été cités dans le rapport du Gouvernement sur les travailleurs dits de la 2ème ligne ;
- Ambulancières et ambulanciers qui ont pris tous les risques pendant la pandémie et n’ont même pas été immédiatement associés au Ségur de la santé ;
- Cheminotes et cheminots qui ont assuré les transports du quotidien, le transport de fret et les TGV sanitaires et pour qui la CFDT Cheminots a dû arracher des conditions de restauration et d’accueil de nuit acceptables ;
- Salarié-e-s des transports urbains et interurbains qui ont été parmi les plus exposés pour assurer les transports du quotidien ;
- Salarié-e-s des activités du déchet qui ont continué d’assurer leur métier difficile pour assurer des conditions d’hygiène dans nos villes ;
- Salarié-e-s du nettoyage et de la manutention ferroviaire qui assurent l’hygiène dans nos trains et dans nos gares, et dont les rémunérations sont tellement contraintes par les donneurs d’ordre ;
- Agents publics qui ont assuré la continuité du service tout au long de la crise ;
- Salarié-e-s du transport aérien qui ont assuré les approvisionnements sanitaires, les rapatriements et les convois sanitaires…
Vous exercez votre travail dans des activités si nombreuses que nous ne pourrions les énumérer toutes, et pourtant vous avez été rarement remercié-e-s, rarement cité-e-s, rarement reconnu-e-s.
Dans nos secteurs, beaucoup ont des conditions de travail particulièrement difficiles, en horaires décalés, avec des découchés, du travail de nuit. Et pourtant les salaires suivent difficilement, même dans cette période inflationniste. Et pourtant dans certains secteurs, certains d’entre vous n’ont pas encore une prise en charge de leur protection sociale à la hauteur des risques que vous prenez. Et pourtant on vous demande encore d’en faire plus avec moins de moyens, en acceptant la contrainte du commanditaire, les restructurations ou les réformes, une mise en concurrence toujours plus exacerbée…
Grâce à votre mobilisation, à la force de proposition de la CFDT, certaines lignes ont commencé timidement à bouger : nous pensons aux marins qui ont récemment obtenu une multiplication par 5 du fonds de prévention des accidents du travail et de la maladie professionnelle après des années de combat ; nous pensons aux chauffeurs routiers du transport de marchandises qui ont obtenu jusqu’à 6% de revalorisation des minima et la perspective d’un encadrement réglementaire de la polyvalence notamment sur la question du chargement et du déchargement des camions…
Mais dans la plupart de nos branches, il reste beaucoup trop de freins voire de blocages : dans le transport routier de voyageurs, dans le transport urbain, sur les salaires, dans le secteur maritime sur les temps d’embarquement, dans les activités du déchet ou dans la branche ferroviaire sur la protection sociale...
Ni la crise sanitaire, ni la reprise de l’inflation, n’a n’ont suscité une prise de conscience réelle des décideurs sur l’utilité qui est la vôtre et dont la valeur est inestimable pour la cohésion et le fonctionnement de notre société.
Nous sommes tellement présents, dans la vie de tous les jours, qu’ils ne nous voient plus. Mais s’ils ne nous voient pas, nous allons donc continuer, comme aujourd’hui, à nous rendre visibles.
Et parmi les invisibles dans nos secteurs des transports et de l’environnement, les femmes le sont encore davantage. Malgré une progression constante dans nos emplois, elles restent minoritaires (moins de 30% parfois beaucoup moins dans des fonctions techniques). Les conditions de travail et de vie au travail restent encore parfois totalement inadaptées. Leur rémunération évolue moins rapidement. Elles restent majoritaires dans les salariées à temps partiel.
Nous avons donc un double combat et nous le mènerons jusqu’au bout :
- Pour montrer, sur cette place des Grands Hommes, que les grandes choses ne sont pas toujours le fait des plus hautes fonctions, mais aussi dans le service rendu au quotidien et dans ces activités qui nous relient les un-e-s avec les autres ;
- Pour montrer, sur cette place des Grands Hommes, que dans nos secteurs des transports et de l’environnement, il faut être encore plus grand et encore plus fort pour exercer ces métiers lorsqu’on est une femme ;
Et que cela mérite bien la reconnaissance que nous allons aller chercher, pas seulement une inscription au fronton du Panthéon, mais bien des mesures de progrès social pour toutes et tous !